Nalacka
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 | | Sujet: Géographie : Village du Loup blanc Ven 31 Jan - 13:41 | |
| - Cereb a écrit:
** La Légende du Loup Blanc **
Ami, installe-toi confortablement autour de ce feu bienfaisant et laisse-moi te narrer la Légende du Loup Blanc, ou comment deux tribus issues d'un même sang, et pourtant prises au cœur d'un conflit fratricide depuis de nombreuses années, parvinrent enfin à se réconcilier pour vivre en paix.
Cette légende trouve sa source à quelques lieues des hautes cimes enneigées, là où le froid venu des montagnes imprime sa morsure glaciale dans la chair des hommes et des bêtes, mais où l'herbe demeure cependant encore verte et où les insondables forêts peuplées d'arbres majestueux s'abreuvent aux eaux pures du lac Sildur.
Au cœur ces contrées hostiles abritant de nombreuses variétés de créatures sauvages, la mort guette souvent au détour du chemin. Qu'il s’agisse d'une simple glissade sur les roches escarpées se concluant par une chute mortelle, ou d'une attaque soudaine de loups, d'ours ou de quelque monstruosité tapie au cœur des sombres forêts, les tribus faisant ici l'objet de notre récit étaient conscientes de ces dangers et avaient appris à s'en accommoder. Mais la plus grande menace alors pour chacun des clans était, depuis des temps immémoriaux, "l'autre clan".
Les Faerynn du clan de l'Ours Blanc vivaient au sud du lac, tandis que ceux du clan du Loup Noir étaient établis au nord. Ainsi, si l’accès à l'eau ne fut jamais, en soi, source de conflit entre les deux tribus, il n'en allait pas de même concernant la chasse. Devant s'aventurer toujours plus loin de leurs villages afin d'approvisionner leur clan en gibier, il n'était pas rare de voir les chasseurs tomber nez à nez de manière impromptue et se disputer alors la propriété d'une proie, pour finalement délaisser celle-ci et, au bout du compte, se livrer à l'affrontement physique autour de querelles immémoriales remontant à des époques oubliées et révolues.
C'est dans ce contexte que, par une nuit plus glaciale et plus noire qu'aucune autre jamais vécue auparavant, deux chasseurs manquèrent à l'appel dans leurs clans respectifs. En effet, au retour d'une chasse tardive, le vent glacial ayant balayé les flammes de leurs torches et la pluie effacé toute trace de leurs compagnons, l'obscurité les laissa ainsi, perdus, abandonnés, avec pour seule compagnie la solitude et le désespoir. La forêt, paraissant s'animer d'intentions hostiles, s'agitait en un sombre ballet, les arbres grinçant et craquant du chant lugubre qu'entonnait le vent gémissant entre leurs branches noueuses. Des grognements rauques, inquiétants, bestiaux, se faisaient entendre tout autour d'eux. Aussi bons chasseurs furent-ils, leurs sens les induirent en erreur et ils n'eurent rapidement, ni l'un ni l'autre, plus aucune idée de l'endroit précis où ils pouvaient se trouver, ni aucun repère tangible auquel se raccrocher.
C'est alors que, soudainement, un hurlement de loup se fit entendre. Un hurlement comme jamais de mémoire d'homme on en avait entendu. Un hurlement si intense, si puissant, semblable à celui de mille loups hurlant à l'unisson, qu'il plongea presque instantanément la forêt dans le silence absolu. Nul battement d'aile, nul grognement d'animaux ne se faisait désormais entendre. Même le chant plaintif du vent dans les branches semblait avoir cessé, laissant dans l'esprit des chasseurs égarés comme une impression de temps suspendu.
Quand, figés de stupeur, ils se décidèrent enfin à reprendre leur lente progression dans l'obscurité, une douce chaleur sembla peu à peu les envelopper, puis les appeler à elle. Poursuivant alors leurs progressions respectives vers sa source, mains tendues devant eux pour tenter de trouver leur chemin dans la nuit, chacun d'eux heurta brusquement, en même temps, une masse imposante, chaude, confortable et rassurante qui, par la chaleur émanant de son étreinte réconfortante, les plongea presque instantanément dans un sommeil aussi douillet que profond.
Lorsque, à l'aube, les deux chasseurs s'éveillèrent enfin, ils constatèrent avec stupeur qu'ils s'étaient endormis à moins d'un mètre l'un de l'autre. Alors que leur premier réflexe fut d'abord de dégainer leurs armes, leur attention fut brutalement saisie par un loup blanc gigantesque, de plusieurs mètres de haut, qui n'était autre que l'animal mythique leur ayant tenu chaud pendant la nuit et, par la même, sauvé leurs vies respectives dans l'indifférence de leurs querelles ancestrales. Le museau de l'apparition pointa alors lentement vers les deux chasseurs et le regard bleu perçant de l'animal plongea profondément en eux. Face à une telle impression de toute puissance et de sagesse qui les submergeait, les deux ennemis jetèrent immédiatement les armes, inclinèrent la tête et plièrent le genou, transportés par la noblesse quasi divine de l'immense créature qui, après quelques secondes semblant durer des heures, finit par disparaître d'un bond majestueux derrière la montagne.
Les deux ennemis se relevèrent finalement, puis se jaugèrent un instant, encore abasourdis par l'instant magique et irréel qu'ils venaient de partager ensemble en dépit de leurs luttes fratricides. Se dirigeant tout deux, sans un mot, en direction du lac, l'un d'eux s'agenouilla au bord de l'eau pour y remplir son écuelle que l'autre vint agrémenter d'herbes revigorantes et bienfaitrices sorties de sa besace. Puis, ils partagèrent ensemble les bienfaits de la boisson réparatrice autour d'un feu de camp. Un nouveau regard fut échangé, mais nulle hostilité n'en émanait désormais, et un sourire se dessina progressivement sur le visage des deux miraculés qui échangèrent longuement.
Les deux clans qui avaient avaient pu, depuis leurs villages respectifs, apercevoir avec stupéfaction le Loup Blanc bondir derrière la montagne, ne mirent pas en doute le récit que leur contèrent les chasseurs à leur retour. A la lumière de leur histoire, qu'ils interprétèrent comme un signe, une manifestation divine emprunte d'une symbolique puissante, l'idée que le temps était peut-être venu d'enfin cesser de se battre et de coopérer s'installa progressivement dans leurs esprits.
Quelques jours plus tard, les deux clans, guidés par les chasseurs ayant partagé l'expérience mystique, se retrouvèrent sur le lieu de la rencontre avec le Loup Blanc. Ils décidèrent d'un commun accord d'y fonder un lieu de réconfort et de paix, symbolisant la fin de leurs luttes ancestrales, et matérialisé par un édifice érigé dans un effort commun.
Au fil des années, l'édifice originel, faisant aujourd'hui office d'auberge et portant le nom d'Auberge du Loup Blanc, s'agrandit encore pour devenir ce qu'il est aujourd'hui, un lieu de passage, de repos et de paix. Les fondateurs de l'auberge, Nysha du clan de l'Ours Blanc et Brugh, du clan Loup Noir, qui n'étaient autre que les chasseurs ayant vécu l'expérience du Loup Blanc, s'unirent et fondèrent une famille. Si l'on en croit la légende, ce sont toujours, aujourd'hui, leurs descendants qui sont en charge du lieu sacré autour duquel un village finit peu à peu par voir le jour.
Note donc, ami, que lorsque tu te rendras à l'Auberge du Loup Blanc pour y trouver réconfort et te débarrasser de la fatigue accumulée au cours de ton voyage dans ces contrées sauvages, tu pourras, non loin de l'édifice, croiser la tombe des deux amants ayant apporté la paix à leurs tribus respectives. Ne néglige pas alors de t'y arrêter un instant pour t'y recueillir, et peut-être songer aux leçons pouvant être tirées du destin de ceux qui y reposent. | |
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