1500 après l'ère I : "les Cieux Brûlants nous ont frappés. Désormais, il ne reste plus que la ceinture d'Elion pour nous protéger."
"Père Dimrost, que reste-t-il du monde?"
"Rien, mon enfant. Rien d'autre que des survivants affluant chaque jour entre nos murs. Amaigris, malades, le regard plein de cauchemars qui hantent jusqu'à leurs jours"
"Mais pourquoi les dieux nous ont-ils fait ça?"
"Nous étions trop vaniteux, trop orgueilleux, trop prompt à verser le sang pour des idées. Le Seigneur des trois Astres nous enseigne ainsi l'humilité dans son feu purificateur"
-1500 après l'ère I, les trois soleils se sont alignés comme l'avait prédit le roi Balthazar et quelques fous que nul ne croyait. La fin du monde, ou au moins de celui connu de tous jusqu'à lors.
"Je les ai vus, Mère Zalia, je les ai vus embraser le ciel de leurs langues brûlantes. C'était un matin, un matin comme les autres. Il m'a semblé que ma peau craquelait comme celle d'un gibier sur des braises. Je n'ai plus rien vu depuis, plus jamais : le visage fondant comme de la cire chaude restera la dernière image de ceux que j'ai aimé."
Les témoignages parlent d'une chaleur démentielle précédant les vagues meurtrières d'un ciel rouge sang piqué par l'aura aveuglante des trois soleils. Puis, de la végétation carbonisée, des hurlements des hommes, des femmes et des enfants pris par l'horreur et la mort. Et de l'odeur : celle de la chair brûlée émanant des ruines croulantes sous leur linceul de flocons gris.
"Comment as tu survécu, Indigo? Comment ta caravane a survécu?"
"On avait la chance d'être escortés par plusieurs mages, il nous ont protégés de leurs barrières, nous nous sommes ensuite réfugiés quatre mois sous terre. Les vivres que nous transportions ont été décisifs. Heureusement, nous n'étions qu'à quelques jours de la ceinture lors qu’enfin la chaleur est retombée.
On ignore exactement combien de personnes ont réussi à s'arracher à la tempête suffocante qui c'est écrasée sur l'ensemble des terres d'Akenos. On soupçonne sans certitude plusieurs milliards de morts. Une hécatombe qui se retrouve sur toutes les lèvres et au fond des regards larmoyants des survivants. Ceux la même parlent de citées entières s'effondrant sous les tremblements de terre, de combustions spontanées par millions, puis de la sécheresse et de la famine achevant les rares survivants.
"Le pire, Dame d'Opale...le pire, c'était la faim. Pensiez vous ça possible qu'elle fasse si mal? J'ai tué, Dame d'Opale...j'ai tué pour dévorer ceux qui quelques mois plus tôt partageaient le même refuge.
Non...non...je n'ai pas survécu. Je ne suis plus une femme : je suis une bête."
On témoigne de comportements humains parfois déplorables, d'autres fois émouvants de courage : du lâche arrachant sa maigre pitance à l'orphelin au héros bravant les flammes pour en extirper les victimes.
Quoi qu'il en soit, les rescapés ont tous une histoire à conter. Mais même les habitants de Mystal sont incapables d'expliquer comment le Roi Balthazar a levé la barrière et protégé les habitants de la ceinture.
Chaque jour est lourd du souvenir des semaines, des mois, parfois des années passées à survivre parmi les vestiges du passé. Les temples et les dispensaires accueillent par centaines les hommes, les femmes et les enfants "du dehors". On ne fait plus la distinction entre une ethnie ou une autre, entre un mutant ou un "sang pur". L'humanité n'est aujourd'hui plus qu'une fragile toile dont chaque élément compose l'équilibre vital. Son dernier espoir perdure entre les murs mystérieux d'une barrière ondoyant à la faveur d'une magie dont nul ne se souvient : Mais quel en sera le prix?
Nul n'a le temps de regarder en arrière. Qu'il soit humain, mutant, prêtre, roi ou va nu pied : Dans la ceinture, les ruines de la citée oubliée vomissent chaque jour leurs armées décharnées. A la faveur des ombres, le fléau emporte sans distinction hommes femmes et enfants dans les méandres de sa folie.
5 ans après le cataclysme, le combat doit continuer : Celui de l'humanité face à l'adversité.
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